Comment se faire aider
par le destin ?

La chronique d’Éléna Fourès, expert en leadership et multiculturalité,
fondatrice du cabinet IDEM PER IDEM.
elena.foures@idem-per-idem.com

Suite à ma dernière chronique sur la chance, une lectrice m’a challengée en m’envoyant cette citation de Saikaku Ihara, auteur japonais du XVIIème siècle : « Il faut l’aide du destin pour faire fortune. Les capacités personnelles ne suffisent pas. »

J’ai accepté d’écrire sur ce sujet, parce que la chance n’est pas opposable au destin. Ce dernier est défini par le Dictionnaire des concepts philosophiques, comme une « force de ce qui arrive et qui semble nous être imposée sans qu’aucune de nos actions n’y puisse rien changer ». Ce concept semble comporter une connotation de fatalité qui limiterait l’apriori de liberté individuelle : « Ce qui est arrêté par le destin, nul n’a le pouvoir de le changer. » (Euripide).

Si la chance apparaît comme un phénomène ponctuel, tel un rayon de soleil à travers les nuages, le destin se présente comme plus transversal, tel un microclimat se manifestant aux grands tournants de la vie. De près, on peut ne pas voir la différence, et on est alors frappé par le fait que certains ont beaucoup de soleil dans leur vie, tandis que d’autres, bien que talentueux, n’arrivent pas à « percer », se faire nommer ou promouvoir… Ils se « battent » alors contre leur destin comme des papillons contre une vitre qui, quoiqu’invisible, les sépare froidement des fleurs auxquelles ils aspirent tant…

En fait, « le destin mêle les cartes et nous jouons. » (Schopenhauer). L’aide du destin, serait l’équivalent d’une « bonne main », une configuration favorable des facteurs exogènes, des circonstances, qui « ouvre » les « portes » et assure la réalisation de nos rêves, à condition de bien jouer…

Voici quelques tuyaux pour créer ce microclimat propice :

1/ Etre déterminé et croire fermement en son destin fait catalyser la chance. Suivez l’exemple de Jules César qui était prêt à « poursuivre sa chance jusqu’au fond de l’eau. ».

2/ Ne jamais s’opposer à son destin, mais l’accepter et faire tourner la configuration existante en votre faveur : « Lorsque les vents de changement
soufflent, certaines personnes construisent des murs et d’autres personnes des moulins à vent » dit un proverbe chinois. En d’autres termes, si votre parcelle est inondée en permanence, les roses n’y pousseront jamais, tandis qu’en y plantant du riz, vous êtes sûr(e) de faire fortune.

3/ Assumer ses responsabilités : « Nous aurons le destin que nous aurons mérité » (Albert Einstein). Il est facile de rejeter la faute sur de mauvaises circonstances. En réalité, peu importe votre jeu, tout est question d’exécution.

4/ Utiliser le facteur interne : L’intérieur et l’extérieur sont interdépendants. La joie interne, notamment, « produirait » l’aide du destin. Je suis tombée sur ce commentaire d’un internaute (L. Denancy) disant « Sourire à la vie, sourire aux autres, sourire aux évènements, c’est faire sourire son propre destin. ». Alors, cultivez l’optimisme, l’enthousiasme, et l’altruisme.

Conclusion, pour vous assurer la meilleure réussite possible, faites marcher main dans la main les sœurs Fata et Fortuna, Destinée et Fortune !

A FAIRE

• Prendre son destin en main
La passivité n’a jamais donné de résultats. Agissez, au lieu d’attendre ou de laisser les autres décider de votre destin. « L’homme qui croit en lui n’a rien qui l’importune, il porte le secret en lui de la fortune. » (Louis Belmontet).

• Ecouter son intuition
Il faut « sentir » si le climat est favorable pour agir au moment propice, ni trop tôt, ni trop tard. Soyez aux aguets, et n’oubliez pas que tout ceci n’est qu’un jeu ; les cartes peuvent être tirées de nouveau en cas d’échec.

• Être toujours prêt
« Il existe deux choses qui empêchent une personne de réaliser ses rêves : croire qu’ils sont irréalisables, ou bien, quand la roue du destin tourne à l’improviste, les voir se changer en possible au moment où l’on s’y attend le moins. » (Paulo Coelho). On n’est jamais prêts quand le destin se présente : osez prendre le train en marche. Vous aurez bien le temps de vous organiser pendant le voyage.

A ÉVITER

• Cultiver des superstitions
Voir partout des « signes » bloquants du destin mine le moral et provoque la paranoïa. Un présage ne vaut que par son interprétation, qui est toujours personnelle et subjective.

• Faire du destin un alibi
S’abriter derrière le destin défavorable est un aveu de faiblesse : un leader ne peut rejeter entièrement la responsabilité d’un échec : « Toujours le chef est seul en face du mauvais destin. » (Charles de Gaulle). La bonne réponse est de pouvoir se dire « J’ai fait de mon mieux. ».

• Manquer de souplesse
Si l’acharnement plaît au destin, pour l’entêtement c’est une toute autre chose. Sachez changer de stratégie à temps. « Le destin conduit celui qui consent et tire celui qui résiste. » (Cléanthe).