Dominique Druon

Présidente fondatrice d’aliath, cabinet de conseil en gouvernance et recrutement d’administratrices et administrateurs. Administratrice indépendante, membre du comité d’audit et du comité de nomination/rémunération du groupe côté Le Bélier depuis 2015, ainsi que membre indépendante du conseil de surveillance du groupe industriel SINTEX depuis 2019.

Les évolutions législatives de ces dernières années, comme la loi NRE, la loi Copé-Zimmermann et plus récemment la loi PACTE, ont assez sensiblement modifié les conditions d’exercice de la gouvernance d’entreprise, pour les grands groupes côtés mais aussi pour les ETI et PME. En imposant de nouveaux seuils d’analyse – modification des conditions de désignation d’un CAC, l’intégration de critères extra financiers dans les rapports de gestion pour rendre compte des impacts environnementaux et sociaux des activités, elles ont aussi largement contribué à interroger en profondeur le rôle de l’expert-comptable et du commissaire aux comptes dans la création de valeur des entreprises.

Tantôt observateur avisé, tantôt contributeur direct auprès des directions, voire des comités d’audit à travers ses rapports de gestion financière, l’expert-comptable se trouve dans les faits au cœur des enjeux de gouvernance. Une position stratégique qui lui confère bien évidemment de nouvelles obligations, en accompagnant les directions à intégrer les changements, en particulier le développement d’analyses au-delà des seuls indicateurs financiers en réponse aux attentes et mutations sociétales. Mais cette position stratégique constitue aussi une opportunité à saisir pour devenir un acteur à part entière de la gouvernance en intégrant le cercle fermé des administrateurs de conseils. D’autant qu’il y a des places à prendre, en particulier pour les femmes expert(e)s-comptables.

En effet, la loi Copé-Zimmermann, à travers son quota de 40% de femmes dans les conseils imposé à de plus en plus de sociétés[1], a déjà permis à des femmes, et donc permet aux femmes expert(e)s-comptables, d’accéder plus aisément à ce qui leur était, jusqu’à un récent passé, très difficilement atteignable : un mandat d’administratrice. Il est vrai que la loi, essentiellement suivie par les entreprises les plus exposées, c’est-à-dire les sociétés cotées, est encore trop peu respectée dans le non coté, et ce sans risques lourds puisque les sanctions prévues n’étaient pas appliquées jusqu’à présent. Ce que devrait corriger la Loi Pacte qui renforce les sanctions[2], Néanmoins, même si le chemin est encore long pour rendre pleinement effective cette obligation, le mouvement est lancé.

Or s’il est bien un profil qui peut presque naturellement prétendre à rejoindre un conseil, il s’agit de l’expert-comptable dont les compétences et les qualités intrinsèques en font un candidat idéal. Partenaire par nature des dirigeants, rompu à l’analyse des risques et aux exercices de reporting qui n’ont fait que se développer dans les entreprises, à mesure que les politiques qualité et de RSE intégraient le rang des priorités des directions, l’expert-comptable est une fonction clé qui dispose d’un actif immatériel valorisable au sein d’un conseil.

Un actif immatériel qui constitue donc un vrai atout pour les femmes expert(e)s-comptables désireuses d’intégrer un conseil mais qui n’est pas suffisant pour assumer pleinement le rôle d’administratrice. En effet, d’autres conditions doivent être remplies pour avoir une chance d’obtenir un mandat :

  • Oser l’ambition. Avoir l’envie de sortir d’une certaine zone de confort professionnel et aspirer à un rôle plus stratégique et déterminant pour l’entreprise ;
  • Travailler la posture. Être capable de dépasser la dimension opérationnelle de son expertise pour endosser la posture de l’administratrice et ainsi capitaliser sur la confiance obtenue auprès des dirigeants pour les engager dans la voix d’un adoubement en conseil d’administration ;
  • Se former. Intégrer les fondamentaux de la gouvernance ainsi que les nouveaux enjeux de la loi PACTE notamment pour en faire des zones de questionnement et des leviers de développement pour l’entreprise.

 

Le cabinet aliath, en partenariat avec l’Association Femmes experts-comptables, propose, à celles qui le souhaitent, de participer durant l’année 2020 à un programme de formation et d’accompagnement sur les clés de succès et les conditions permettant l’obtention d’un mandat d’administratrice.

Ce programme s’articulera autour de 3 temps forts :

  • Un temps de débat et de réflexion, le 09 mars 2020, avec une conférence organisée à Paris, retransmise en direct ou en podcast, sur la parité, organisée par l’Association Femmes experts-comptables à l’Assemblée Nationale.
  • Un temps de formation, entre Juillet et Septembre 2020, avec deux sessions thématiques en présentiel et un module en ligne :
    • 9 juillet 2020 : formation d’une journée en présentiel aux Fondamentaux de la gouvernance pour se préparer à rejoindre un conseil d’administration,
    • Module proposé en ligne (juillet /août) pour s’entrainer à son rythme à consolider les fondamentaux.
    • Passage d’un certificat de validation des compétences en ligne.
    • 17 septembre 2020 : une demi-journée de formation pour préparer son CV et décrocher son premier mandat d’administratrice.
  • Un temps de réseautage, en novembre 2020, autour d’une soirée de partage d’expérience des Alumni 2019 et 2020 ayant suivi les programmes « Board by aliath » et « Get on board ».

Trois temps forts avec pour objectif de permettre aux femmes experte(e)s-comptables de monter en compétences, de gagner en confiance, de travailler leur réseau et ainsi de réunir les conditions de succès leur permettant de devenir les administratrices des conseils de demain.

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[1] La loi a d’abord imposé 40% de femmes dans les conseils d’administration des SA cotées ou de plus de 50M€ de CA ou plus de 500 salariés à échéance 2017. Elle a été étendue pour les PME de plus de 250 salariés à échéance 2020.
[2] Avec la loi Pacte, la nullité de la nomination irrégulière peut entrainer celle des délibérations auxquelles a participé le mandataire social irrégulièrement nommé (C.com. art. L 225-18-1, L225-69-1, et L226-4-1 modifiés).