Célébrons la Journée internationale des droits des femmes

Il y a encore tant à faire ici et ailleurs !

Aujourd’hui l’occasion nous est donnée de nous souvenir des progrès réalisés grâce à l’engagement de militantes dans le monde entier, de mesurer le chemin parcouru, mais aussi d’évaluer tout ce qu’il reste à accomplir.

C’est le 28 février 1909, qu’a été célébrée aux États-Unis, la première Journée nationale de la femme, the National Woman’s Day, issue de l’histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain.

Dès 1911, cette journée est l’occasion de revendiquer le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail.

Le 8 mars 1977, l’ONU adopte une résolution enjoignant à ses pays membres de célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale ». Désormais, de nombreuses manifestations se produisent à travers le monde, l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité.

Nous, Femmes françaises, professionnelles du conseil, impliquées dans la vie économique, nous dont la parole compte, nous avons notre part à prendre dans la recherche de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes.

Françoise Savés,
Présidente

En France, la prise de responsabilité et l’indépendance des femmes restent très récentes dans notre société. Il a finalement fallu attendre le conflit sanglant de 14/18 qui a appelé sous les drapeaux toutes ses forces vives au combat pour que les femmes entrent véritablement dans l’économie du pays.

Et cela malgré la montée des suffragettes en Angleterre fin 19ème, début 20ème, qui font quelques émules en France dont Hubertine Auclert, Madeleine Pelletier et Louise Weiss et dont la revendication principale est l’obtention du droit de vote. Les années 1920/1930 voient les prémices de l’émancipation féminine avec les cheveux coupés à la garçonne, avec des grèves de femmes qui réclament un salaire égal pour un travail égal et une même qualification (les hommes gagnent alors 36 % de plus). Mais la crise, fin des années 30, marque le recul du travail des femmes qui atténue le recul d’activité et ce n’est qu’en 1944, à la sortie de la Deuxième guerre mondiale que les femmes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité, droit qu’elles exerceront pour la première fois en 1945 à l’occasion des élections municipales.

Quelques dates à retenir :

1946 : Le préambule de la constitution proclame : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme » (art.3). Suppression de la notion de « salaire féminin ».

1965 : la loi permet aux femmes d’ouvrir un compte en banque. Les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari.

1972 : Reconnaissance du principe « à travail égal, salaire égal ». L’école polytechnique devient mixte : 8 femmes sont reçues.

1974 : Françoise Giroud première secrétaire d’état à la condition féminine

1976 : La mixité devient obligatoire pour tous les établissements scolaires publics

1980 : Marguerite Yourcenar est la première femme élue à l’Académie française

1981 : Yvette Roudy est ministre déléguée des droits de la femme

1983 : Loi Roudy pose le principe de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes

1984 : Le congé parental est ouvert à chacun des parents

1991 : Édith Cresson première femme 1ère ministre et seule à ce jour !

1982 : Première journée internationale de la femme en France

1999 : Une révision constitutionnelle ajoute à l’article 3 de la Constitution de 1958 la disposition suivante « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives » et prévoit que les partis doivent « contribuer à la mise en oeuvre » de ce principe (art. 4).

2000 : Mise en œuvre d’une politique globale d’égalité des chances dans le système éducatif. La loi sur la parité en politique module l’aide publique aux partis politiques en fonction de leur respect de l’application de la parité pour la présentation des candidats aux élections.

2001 : La loi Génisson sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes poursuit dans une direction amorcée par la loi Roudy du 13 juillet 1983.

2004 : signature par le patronat et les syndicats de l’Accord national interprofessionnel relatif à la mixité et à l’égalité professionnelles entre les hommes et les femmes.

2006 : La loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes renforce les moyens et engagements concernant la suppression des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, et la « conciliation » entre l’activité professionnelle et la vie familiale.

2008 : Modification de l’article 1 de la Constitution qui est désormais ainsi rédigé : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ».

2011 : Promulgation de la loi relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle. Ce texte prévoit l’instauration progressive de quotas pour aller vers la féminisation des instances dirigeantes des grandes entreprises, ainsi qu’un système de sanctions financières en cas de non-respect.

2012 : le Comité interministériel aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui ne s’était pas réuni depuis 12 ans, inaugure l’élaboration d’une troisième génération des droits des femmes. Après les droits civiques reconnus à la Libération, les droits économiques et sociaux des années 1970, il s’agit désormais de définir des droits porteurs d’égalité réelle. Loi relative au harcèlement sexuel.

2014 : La loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes vise à combattre les inégalités dans les sphères privée, professionnelle et publique.

 

Pour sourire un peu …. et mesurer le chemin parcouru.

Extrait de la thèse d’Émile Morlot (1884) qui sera par la suite maître des requêtes au Conseil d’État et député radical de l’Aisne de 1896 à 1907.

De la capacité électorale : les femmes ne peuvent pas prendre une part intelligente à la conduite des affaires publiques

« En vain prétend-on que l’égalité civile accordée à la femme a pour corollaire nécessaire son émancipation politique. C’est méconnaître absolument le rôle de la femme dans l’humanité. Destinée à la maternité, faite pour la vie de famille, la dignité de sa situation sera d’autant plus grande qu’elle n’ira point la compromettre dans les luttes du forum et dans les hasards de la vie publique. Elle oublierait fatalement ses devoirs de mère et ses devoirs d’épouse, si elle abandonnait le foyer pour courir à la tribune. Elle n’y apporterait pas d’ailleurs la modération de langage et la netteté des conceptions, qui sont indispensables dans les usages parlementaires. D’autre part, elle introduirait dans la famille un élément de dissolution, qui lui ferait perdre la légitime influence qu’exerce sur le père de famille la femme respectable, qui est l’honneur de la maison. Nulle part le rôle de la femme ne fut mieux compris qu’à Rome ; vénérée et vénérable dans la vie privée, la matrone romaine n’était rien dans la vie publique et jamais elle ne songea à compromettre la majesté du foyer domestique dans la tourbe des comices. Ces mœurs, heureusement, sont encore les nôtres et la condamnation de la théorie que nous combattons est celle que prononce tous les jours l’immense majorité des femmes.

On a donc parfaitement raison d’exclure de la vie politique les femmes et les personnes qui, par leur peu de maturité d’esprit, ne peuvent prendre une part intelligente à la conduite des affaires publiques. Il est encore fort juste d’en chasser tous ceux qui s’en sont rendus indignes, en manquant gravement à leurs devoirs sociaux et qui ont été frappés d’une condamnation d’une certaine gravité ».